Publié le 3 décembre 2020 par Marseille Tourisme

Le saviez-vous ? Marseille est la capitale du santon en France. Des premiers santons en argile crue, à la crèche provençale, en passant par la traditionnelle Foire aux santons, zoom sur une histoire méconnue de la cité phocéenne.

A l'heure où nous écrivons ces lignes nous rentrons dans la période de Noël. Une fête qui à Marseille est accompagnée de traditions locales aussi anciennes que ancrées. La traditionnelle Foire aux santons sera cette année à sa 218 eme édition. Un rendez-vous annuel qui a eu lieu sans discontinuer depuis 1803, traversant deux guerres mondiales, et maintenant une épidémie. Mais, c'est maintenant officiel, l’événement aura bien lieu cette année malgré les incertitudes. L'occasion de revenir sur cette tradition bien marseillaise des santons.

Histoire de la crèche et des santons


Dés le IV e siècle, il existe de nombreuses représentations de la Nativité dans les livres religieux. Mais c'est au XII e siècle que l'on commence à réaliser des sculptures. D'une manière générale, des scènes religieuses étaient jouées sur le parvis des églises lors de fêtes catholiques comme Noël ou Pâques. Ce serait Saint François d'Assise qui aurait popularisé la pratique lors d'une Messe qu'il aurait célébré à Greccio en Italie en 1223. Lors d'un séjour à Naples, il aurait façonné des figurines de la Nativité avec de la farine, du sel et de l'eau.  Les appela les « Santi Belli ». Il leur ajouta ensuite l'âne, le bœuf et les rois mages. Le santon est donc d'origine napolitaine. De nos jours encore, la ville de Naples est connue pour ses traditions de crèches vivantes. A ce propos, allez jeter un coup d’œil à cette magnifique crèche napolitaine sculptée dans le sable pour le Noël 2020.
Ce sont les moines franciscains qui introduiront la crèche en Provence à la fin du XVIII e siècle.
La Révolution interdit les crèches de Noël, ainsi que les Messes de minuit. De nombreux marseillais marquent leur fidélité à la tradition en confectionnant des petites crèches de fortune chez eux. L'usage se développa de constituer une crèche dans chaque foyer. Les risques étaient grands à l'époque de défier le pouvoir révolutionnaire, et ceux qui se faisaient prendre passaient à la guillotine !

La crèche provençale 


C'est en Provence que l'on vit apparaître ces premières « crèches clandestines ». Elles étaient faites avec les moyens du bord, en l’occurrence de la mie de pain ou du papier mâché. Les figurines ainsi constituées représentaient Jésus, Marie et Joseph et étaient nommées les « petits saints », autrement dit « santoun » en provençal. Ainsi naquit le santon provençal. Mais jusqu'à la fin du XVIII e siècle on parle de « figures ». Ce sont des pièces uniques qui demandaient beaucoup de travail et d'habileté de la part des artisans. C'était donc hors de portée pour les bourses populaires. C'est un marseillais qui va inventer le « santon moderne », du moins l'ancêtre de celui que nous connaissons de nos jours. Jean Louis Lagnel (1764/1822), un sculpteur marseillais va inventer un procédé d'industrialisation du santon grâce au moulage en 1798. Son idée géniale fut de réaliser des moules en plâtre afin de produire en série des personnages en argile crue. C'est un succès immédiat pour ces santons à un sou, qui d'ailleurs étaient initialement constituées de plusieurs parties qui étaient assemblées par la suite.
Dés le début, les santons marseillais de Lagnel étaient en concurrence avec les « Belli Santi » que les napolitains vendaient dans les rues autour du Vieux-Port.
Mais c'est Thérèse Neveu qui est considérée comme la mère du « santon moderne », en instituant une cuisson systématique de l'argile. Mais elle innove aussi. Alors que la plupart des santonniers se contentaient de reproduire des modèles existants, elle crée une centaine de modèles de santons en s'inspirant des personnages qu'elle croise dans sa ville d'Aubagne, et en puisant l'inspiration dans le folklore provençal.
La première crèche connue en France est marseillaise, et remonterait à 1775, elle est d'ailleurs conservée au Musée du Vieux Marseille.