Marseille fût de tout temps attachée à ses traditions. Parmi celles-ci Noël est la fête familiale par excellence. Une fête très codifiée, et truffée de symboles. C'est cette magie de Noël provençale que nous vous proposons de revivre aujourd'hui à travers ses principaux temps forts.
« Cacho fio », la bûche de Noël
Les enfants allaient chercher une grosse bûche d'un arbre fruitier, « cacho fio ». On mettait cette bûche au feu lors de la veillée de Noël, juste avant le « gros souper » en récitant
Dans l'après midi du 24 décembre on prenait soin de nettoyer la cheminée pour que la grosse bûche inaugure le feu nouveau dans la maison.
C'est le plus jeune des garçons « lou caganis » qui devait la jeter au feu, tandis que le chef de famille récitait une bénédiction :
« Cacho-fiò
Bouto-fiò
Alègre ! alègre !
Diéu nous alègre !
Calèndo vèn, tout bèn vèn !
Diéu nous fague la gràci de vèire l'an que vèn !
E se noun sian pas mai, que noun fuguen pas mens ! »
« Bûche de Noël
Mettons-y-le feu
Gai, gai, réjouissez-vous !
Que Dieu nous donne la joie !
Avec la Noël, nous arrivent tous les biens.
Que Dieu nous fasse la grâce de voir l'année qui va venir !
Et si [l'an prochain] nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins ! »
La veillée de Noël: le gros souper
Le gros souper est servi le soir de Noël, avant de se rendre à la messe de minuit.
La table est couverte de trois nappes blanches, avec trois chandeliers blancs allumés, ainsi que trois soucoupes de blé germé de la Ste Barbe.
Le gros souper est paradoxalement composé de plats maigres, mais abondants. Car la veillée de Noël était un jour de jeûne. Jamais de viande donc, uniquement des poissons, des coquillages, des gratins, des légumes, des soupes, de l'anchoïade. Le repas se composait typiquement de plats tels que de la morue à la sauce au vin et aux câpres, d'anguilles à la broche, de chou-fleur, céleri, brandade, merlan frit, carde aux anchois, escargots aux épinards...
Le repas se terminait une heure avant la Messe de minuit. Les treize desserts sont dégustés au retour de la messe, ils resteront sur la table pendant les 3 jours suivant, jusqu'au 27 Décembre.
Les treize desserts
Les treize desserts se mangeaient tout au long du réveillon après la Messe, ou le « ressoupet ». Ils étaient consommé tout au long de la soirée, et il était d'usage de manger un peu de chaque pour s'attirer la bonne fortune pour l'année qui vient.
Voici la liste des treize desserts, non exhaustive, car cela varie en fonction des lieux en Provence, et de nombreux ajouts modernes sont venus se superposer.
Les 4 mendiants représentants les ordres religieux ayant fait vœu de pauvreté : figues sèches (Franciscains), amandes (Carmélite), raisins secs (Dominicains) et noix (Augustins).
Nougats noirs et blancs.
Fruits frais : pommes, poires, melons conservés, raisins, oranges.
La pompe à huile, ou « fougasso », parfumée à la fleur d'oranger.
Fruits confits, pâte d'amande ou confiture de coings.
Des dattes.
On peut avantageusement y ajouter des calissons d'Aix, marrons glacés, et des chocolats