Difficile de s’imaginer des usines dans les calanques, et pourtant ! L’actuel Parc National des Calanques (créé en 2012) a longtemps abrité les industries les plus polluantes des environs de Marseille.
Entre le 19ème et le 20ème siècle, on retrouvait en lieu et place de la merveille naturelle des usines de production de plomb, de soude, de soufre, de calcaire et de verre. On retrouvait notamment une verrerie à Montredon, une usine d’épuration de pétrole au col de Sormiou, une usine de soufre aux Goudes, une carrière de calcaire à Port-Miou… Ces activités polluantes étaient éloignées de Marseille car elles devaient respecter le décret du 15 octobre 1810 qui les reléguait dans des endroits isolés. Les calanques étaient alors un terrain idéal car il y avait peu de gens et d’activités agricoles.
Des années de plomb
En 1810 apparaît dans la calanque de Saména une usine de fabrication de soude. La matière servait notamment à concevoir le fameux savon de Marseille. La vague des usines de soude a inondé Saména, les Goudes, Callelongue et le col de Sormiou. Les usines de soude commencent à fermer dès le milieu du 19ème siècle. Elles utilisaient alors un procédé appelé « Leblanc » qui dès les années 1870 fut confronté au procédé « Solvay », moins coûteux en énergie et moins polluant. Ne parvenant pas à modifier leur processus industriel, elles ont sombré. Durant cette même période (mi 19ème), les usines de plomb s’installent dans les calanques. La dernière usine de plomb à fermer fut celle de l’Escalette en 1924, encore debout aujourd’hui.
Au début du 20ème siècle déjà, les habitants se mobilisent contre l’établissement des usines dans les calanques. La prise de conscience mène à une première grande manifestation de masse en 1910. La concentration d’usines se déplace vers l’Etang de Berre à la fin du 19ème siècle et vers Fos-sur-Mer dans les années 1960. C’est dans ces deux zones que la plupart des usines se retrouvent aujourd’hui. En 2009, la dernière usine des calanques ferme à la Madrague de Montredon.
L’usine d’aluminium Alteo continue de polluer les calanques
L’usine d’aluminium Alteo (située à Gardanne) a rejeté pendant 50 ans des boues rouges toxiques dans le parc des calanques. L’usine aurait ainsi lâché en Méditerranée 2 200 000 tonnes d’aluminium, 9 300 000 tonnes de fer, 1 700 tonnes de plomb et environ 20 000 kilos d’arsenic. Depuis le 1er janvier 2016, Alteo ne rejette plus que des « effluents liquides » grâce à un système de filtrage. Ce système lui a permis d’obtenir l’autorisation de continuer à rejeter ses déchets polluants pour 6 ans supplémentaires dans les calanques (qui rappelons-le est un parc national depuis 2012). Ces rejets ne respectant pas les quantités autorisées, ils contiennent notamment de fortes quantités d’antimoine et de mercure. L’usine a jusqu’à fin août pour se reprendre.